Ça vous prend un jour sans prévenir. Vous avez des fourmis dans les jambes, un manque, trop longtemps sans avion, sans nouveaux horizons, sans jet lag (oui, je sais bien qu'on dit décalage horaire mais c'est trop long). Vous avez toujours aimé voyager, mais il y a une grande différence entre aimer voyager et avoir besoin de voyager.
Comme Julien Blanc Gras dans son livre « Touriste » (que je vous recommande vivement au passage), vous regardez votre globe terrestre (ou plutôt l’un de vos 10 globes terrestres) et vous vous rendez compte que vous n’avez jamais visité la Sibérie. Ce n’est pas possible, panique, vous n’arriverez jamais à tout visiter dans une vie.
En attendant le prochain départ, vous collectionnez les objets en rapport avec les voyages, ça devient limite maladif. En plus, vos proches vous encouragent dans cette addiction en vous offrant une carte du monde à gratter selon les destinations que vous visitez, ou une horloge du monde. Une horloge du monde ! Vous prenez votre petit-déjeuner à l’heure de Sydney et vous dînez à l’heure de Los Angeles. Yeah !
Encore mieux, le rideau de douche mappemonde. Entre les bulles à la noix de coco, vous rêvez d’ailleurs, quand soudain, vous apercevez l’île d’Ellesmere. Il faut absolument aller à l’île d’Ellesmere, ça a l’air inaccessible, c’est génial !
Et puis ça y’est, enfin, un voyage se prépare. Zut, une escale de 6 heures à Dubaï ne vous laisse pas le temps de sortir de l’aéroport, et donc ça ne compte pas, vous n’aurez pas visité les Emirats Arabes Unis.
Pas de points supplémentaires sur votre carte Facebook, étalant vos aventures aux quatre coins du monde et vous informant que vous n’avez visité que 18% de la planète (alors qu’un vrai aventurier, ça n’a pas besoin de travel map, ça ne se vante pas un aventurier).
Mais bon, outre ce petit désagrément, ça y’est, vous embarquez, vous êtes dans votre élément, vous voyagez sans ceinture pour gagner du temps aux contrôles, votre bible Lonely Planet repose tranquillement au fond de votre sac à dos et vos liquides sont bien rangés dans leur sachet en plastique. Vous regardez, ému, les adieux et les retrouvailles de vos confrères citoyens du monde. Il n’y a rien de plus beau qu’un hall d’aéroport.
Une fois à bord, le traditionnel cheesecake insipide (mais pourquoi y a-t-il toujours du cheesecake à bord ?) fait place au jus de tomate (même question !), et au milieu du film, vous ne pouvez vous empêcher de consulter la carte interactive qui indique votre position. Vous avez beau avoir pris l’avion des centaines de fois, c’est toujours magique de se retrouver là-haut, au-dessus des nuages. D’ailleurs, l’excitation est telle qu’il est impossible de fermer l’œil. L’hôtesse annonce un atterrissage imminent, vous relevez votre tablette, attachez votre ceinture, et le visage collé au hublot, vous essayez d’apercevoir les nouveaux paysages qui vous attendent. Autour de vous, les blasés de l’avion continuent de lire comme si de rien n'était… Mais comment font-ils ? Insensibles !
C’est dans ces moments-là que vous vous demandez : suis-je victime d’une passion ou d’un virus, comme dit ma mère ? Moi je dirais plutôt une drogue, je plane au sens propre comme figuré quand je suis dans un avion, et je ressens une réelle sensation de manque quand je reste plusieurs semaines au sol.
Vous vous reconnaissez ? Faites-moi part de vos commentaires !
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